![]() Sandra-Marie Hrycko, Solutions Canines SM janvier 2020 La confusion règne dans le monde des chiens d’assistance, notamment en ce qui concerne les tâches spécifiques, apprises pour diminuer l’impact des limitations sur la vie du bénéficiaire. Entre l’émotivité des manieurs aux exigences techniques des éducateurs professionnels, en passant par la confusion du corps médical et la bonne volonté des vétérinaires, une chatte en perdrait ses petits! Essayons d’y voir un peu plus claire. À priori, il semble assez simple de faire la différence entre un comportement appris et un comportement naturel ou spontané. Pourtant, lorsqu’il s’agit du comportement spontané d’un chien, la différence ne semble plus aussi évidente. Que ce soit par anthropomorphisme ou par anthropocentrisme (ou même un peu des deux!), il semble réconfortant pour l’humain d’interpréter certains comportements canins en fonction de nos attentes. Par exemple, beaucoup de chiens vont réagir de façon spontanée et organique si leur humain de référence est triste ou anxieux. Ce qui en fera une tâche spécifique cependant sera le fait que le chien exécutera ce comportement spécifique systématiquement, de façon constante et sur demande (ou sur un signe visible extérieur, comme se gratter d’une certaine façon), peu importe l’environnement. Les comportements naturels ne sont pas des tâches de chien d’assistance Pour aider son bénéficiaire, le chien d’assistance doit apprendre à exécuter, de façon fiable, des comportements spécifiques, suite à une demande précise ou un contexte particulier. Un chien d’assistance ne peut donc pas s’entraîner lui-même à exécuter ces comportements. À titre d’exemple, il est assez commun qu’un chien offre une présence apaisante lors d’une crise panique; certains vont jusqu’à initier le jeu pour distraire leur humain. Il est indéniable que cet appel au jeu peut être bénéfique pour le propriétaire, mais cela n’en fait pas une tâche apprise. Nous connaissons tous des chiens qui vont courir vers la porte en aboyant lorsque quelqu’un sonne à l’entrée – mais il ne faut pas confondre ce comportement avec une tâche spécifique du répertoire du chien d’assistance pour limitations auditives. Brefs, il y a de nombreuses anecdotes de chiens ayant accompli des choses extraordinaires de leur propre chef, allant parfois même jusqu’à sauver la vie de leurs humains de référence. Mais à moins que le chien puisse répéter systématiquement et de façon constante le comportement, ce n’est pas une tâche spécifique. Qu’est-ce qu’une tâche spécifique ? Les tâches spécifiques sont variées et certains auteurs ont même identifiés plus de 150 comportements différents![i] Les tâches spécifiques feront l’objet d’un autre article prochainement. À titre d’exemple, on parle de guider le non-voyant, d’alerter le malentendant, de tirer le fauteuil roulant d’une personne à mobilité réduite, d’alerter et protéger une personne atteinte d’épilepsie, de rappeler la prise de médication à une personne souffrant de troubles mentaux, d’apaiser un individu souffrant d’épisodes de stresse post-traumatique, etc. Ces tâches doivent également être liées aux limitations du bénéficiaire; tirer un fauteuil roulant pour une personne sans problème de mobilité, ce n’est pas une tâche apprise pour cet individu. Le chien doit exécuter la tâche rapidement et sur demande. Cette demande peut être verbale ou initiée par un facteur externe (cue) distinct et associé au comportement spécifique. Ce facteur externe peut être une odeur, une emotion, un mouvement ou un son, entres autres. La capacité d’entrée en action du chien est essentielle, il en va souvent de la sécurité du bénéficiaire, parfois même de sa vie. Impact sur la réputation et la confiance du public La raison d’être du chien d’assistance est son habilité à effectuer un travaille qui réduira l’impact des limitations de son manieur. Sa présence est vitale afin que son humain puisse mener sa vie de façon plus autonome. Son rôle ne se limite pas à rester calme au restaurant ou à attendre patiemment l’arrivée du transport en commun, il DOIT entrer en action sur demande ou au bon moment. Le chien saccoche, celui qui jappe, s’élance, tire ou chigne, bref le chien qui n’a pas reçu un entrainement pour en faire un professionnel canin, nuit à l’image de toutes les équipes et minent la confiance du public à l’égard de cet équipement médical vivant. Impact sur la réputation des éducateurs canin Au Québec (et au Canada), le manque d’encadrement et de normes dans le domaine de l’éducation canine fait en sorte que n’importe qui peut se proclamer ‘éducateur canin’. Du coup, plusieurs n’ont pas les connaissances, les compétences, la patience ou les habiletés d’enseignant requis pour entraîner un chien et guider l’équipe. Lors de vos recherches, faites vos devoirs! La taille de l’organisation a peu d’importance. Ne basez pas votre appréciation sur une bonne campagne marketing ou des images sympathiques. Demandez à rencontrer le ‘produit fini’, des chiens déjà certifiés et au travail. Demandez a voir les methodes d’entraînement (beaucoup utilisent encore des méthodes coercitives, basées sur la crainte, le peur et/ou la douleur). Exigez de voir les certificats de formations des éducateurs et vérifiez les dates! Une formation suivie il y a 10 ans, sans mise a jour, est désuète! Votre compagnon canin formera une equipe avec vous pour les 6 à 7 prochaines années, faire preuve de patience et être assidue en vaudra la peine à long terme. Oui les délais d’attentes peuvent être longs, mais un bon chien, un chien fiable, ça ne s’entraîne pas en six mois ou en un an. Ça prend du temps. Ne demandez pas à votre éducateur de couper les coins ronds, c’est vous qui allez en payer le prix! Impact sur la communauté médicale et les équipes de soins Faits :
Les professionnels de la santé mentale ont à cœur le bien-être de leurs patients et sont conscients de la croissance en popularité des chiens d’assistance en santé mentale. Ils ressentent donc une pression accrue vis-à-vis cette approche non-invasive. Malheureusement, prendre une recommandation médicale et l’appliquer à un chien qui ne rencontre pas les exigences nuit aux équipes de soins et minent leur crédibilité face aux différents paliers gouvernementaux qui doivent encadrer la question des chiens d’assistance. Impact sur la communauté des chiens d’assistance L’impact sur la communauté des chiens d’assistance d’un chien peu ou pas entraîné est sérieuse. Un chien incapable d’accomplir en public - sur demande et de façon fiable - des tâches spécifiques, n’est probablement pas en mesure d’adopter les comportements polis et calmes auxquels on peut s’attendre de ce genre de chien. Un tel chien peut, à la limite, representer un danger pour son manieur et pour le public. Un chien anxieux, craintif ou réactif risque non seulement de nuire au chien d’assistance en travail et risque même de blesser son manieur ou un étranger. On a vu de tels incidents mettre un terme à la carrière d’un chien dûment entraîné, ruinant du coup des années d’entraînement et l’espoir du bénéficiaire de pouvoir mener une vie plus indépendante. Un chien d’exception En conclusion, un chien d’assistance est un chien d’exception, ayant reçu une formation pointue, visant à améliorer la vie de la personne qu’il accompagne. Ce n’est pas un luxe, et ce n’est pas une chance, c’est un besoin, une nécessité. [i] Gigantic List of the Top 150 Service Dog Tasks, Megann Drost, November 2018, disponible sur site web: https://www.theatomichound.com/gigantic-list-of-the-top-150-service-dog-tasks/
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